Aux nouveaux membres: il vous est recommandé de commencer les leçons au début, les leçons précédentes étant nécessaires à la compréhension de celle-ci. La première leçon s'intitule « le but de ces leçons » et porte le numéro 10.

Nous avons discuté de la pompe cervicale (le jalandhara dynamique) et nous avons dit que c'était une pratique avancée « ciblée ». Elle a pour principal objet d'ouvrir les canaux pour que le prana circule dans les deux sens entre la cavité de la poitrine et la tête. Mais c'est beaucoup plus que ça.

Toutes les pratiques de yoga sont liées entre elles. Parfois nous voyons (ou ressentons) les connexions, à d'autres moments, les connexions ne sont pas si évidentes. Tout dépend de la purification qui a été faite dans notre système nerveux. Plus celui-ci a été purifié, plus les connexions seront perceptibles.

Dans la leçon #91 sur yoni mudra kumbhaka, nous avons introduit la version statique de jalandhara, qui consiste à laisser tomber le menton vers la poitrine jusqu'à la limite confortable et à rester ainsi pendant le kumbhaka (rétention du souffle). Nous avons mentionné le fait que jalandhara étire le nerf spinal sur toute sa longueur, depuis le point entre les sourcils jusqu'à son extrémité, tout en bas, à la racine, au périnée.

La pompe cervicale accentue encore davantage cet effet d'étirement. Les rotations de la tête ont également un effet sur le nerf spinal, sur toute sa longueur jusqu'à la racine, d'une manière beaucoup plus stimulante. Elles font tournoyer le nerf spinal de façon subtile depuis le haut jusqu'en bas. Avec la conductivité extatique qui s'élève dans le nerf spinal, ce tournoiement est lui aussi extatique et joue un rôle important dans l'union de la conscience de pure félicité (Shiva) et l'extase divine (Shakti) dans le cœur, et à travers tout le corps.

La pompe cervicale évolue avec le temps pour aboutir à une coordination naturelle avec tous les mudras et bandhas dans le corps. A la fin, il n'y a plus qu'un seul mudra subtil de « tout le corps » constitué de toutes les parties que nous apprenons une par une maintenant. Toutes ces parties semblent malaisées et maladroites au départ, mais finissent par devenir subtiles, douces et intimement connectées lorsque la félicité extatique sans fin prend naissance et rayonne hors du corps. La pompe cervicale fait partie de ce raffinement. Plus tard dans les pratiques, lorsque la tête s'arrêtera, le tournoiement intérieur continuera en nous, centré autour du nerf spinal, envoyant l'énergie divine dans toutes les directions. Ne vous inquiétez pas, quand cela arrivera, vous ne le remarquerez même pas, et personne ne pourra le deviner en vous regardant, si ce n'est en voyant ce sourire radieux sur votre visage et le plaisir d'être auprès de vous. Une simple intention de votre part suffira pour mettre en mouvement les courants spirituels. Alors vous ferez tourbillonner les énergies extatiques sans bouger votre tête du tout.

Si vous avez envie de laisser le tourbillonnement spirituel intérieur se manifester extérieurement, vous pouvez vous joindre aux derviches tourneurs soufis et danser toute la nuit. De nombreux rituels spirituels et de nombreuses danses sont en lien avec notre tournoiement spirituel. Pour certains il est naturel de célébrer ouvertement la lumière intérieure. D'autres préfèrent s'asseoir tranquillement et danser intérieurement dans une rêverie extatique. Quelle que soit la culture, la religion ou la préférence personnelle, c'est toujours la même danse. La danse du divin en nous.

Avec l'habitude de pratiquer la pompe cervicale, vous remarquerez que de nombreuses choses se passent. Les courants d'énergie entre la tête et le cœur, dont nous avons déjà parlé. Vous remarquerez aussi l'étirement et le tournoiement du nerf spinal qui s'étend dans le bas du corps. Quand votre tête tourne, vous remarquerez peut-être que vos genoux ont tendance à se soulever légèrement lorsqu'elle est dans un mouvement ascendant, puis à retomber lorsqu'elle descend vers la poitrine. Puis, plus tard, vous pourrez remarquer que les genoux se soulèvent légèrement et redescendent à différents moments pendant la pompe cervicale. Il se développera une sorte de coordination entre la rotation de la tête et les petits mouvements des genoux.

De quoi s'agit-il? C'est le début des micromouvements du nauli subtil dont nous avons parlé dans la leçon #129. Et quelle est l'utilité de nauli? De faire tournoyer l'énergie de la kundalini vers le haut. Et voici que l'on retrouve à nouveau ce mot, «tournoyer ». Avec le temps, la pompe cervicale et nauli s'associent naturellement au niveau des micro-mouvements internes pour nourrir ce tournoiement du nerf spinal. Cela devient visible avec les progrès de notre pompe cervicale, et les jambes, les mains et les muscles abdominaux trouvent naturellement leur place dans la pratique. N'essayez pas de mettre tout cela ensemble à ce niveau de début. Prenez en conscience simplement. Ce n'est pas essentiellement une action physique. C'est la réponse du corps au mouvement de l'énergie extatique dans le nerf spinal. La conductivité extatique est la base de toute la connectivité naturelle entre les pratiques.

L'apparition de ces mouvements subtils pendant la pompe cervicale donne une nouvelle impulsion à la posture de siddhasana, il la rend subtilement dynamique et encore plus délicieuse. Vous imaginez bien que pour finir, mulabandha, sambhavi et kechari entrent aussi dans la partie. Ce sont toutes des techniques qui stimulent différents aspects de notre système nerveux. Le système nerveux est une entité unique, tôt ou tard, toutes les pratiques se fondent en une seule et même action multidimensionnelle qui est l'expression du système nerveux. A ce point nous ne sommes plus l'instigateur. C'est Dieu. Et c'est ce qu'est le yoga, devenir ce que nous sommes, le portail qui s'ouvre sur la félicité, l'extase, l'amour et la joie infinies.

Le gourou est en vous.