Leçon 331 - Non-dualité et kundalini extatique
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De: Yogani
Date: 17 mai 2009

Aux nouveaux membres: il vous est recommandé de commencer les leçons au début, les leçons précédentes étant nécessaires à la compréhension de celle-ci. La première leçon s'intitule « le but de ces leçons » et porte le numéro 10.

Q: Que faire d'une félicité irrésistible associée à un éveil de la kundalini? Je n'ai pas su comment utiliser les pratiques censées gérer la kundalini. Ma route a été celle du jnana yoga et c'est encore ma pratique principale centrée depuis bien des années sur l'enseignement de Nisargadatta Maharaj. Je n'ai pas vraiment recherché cette pratique de la kundalini. Je me suis seulement rendu compte qu'il s'était passé quelque chose au niveau de la kundalini, correspondant aux modèles décrits par les yogis de la kundalini et que cela réclamait toute mon attention.

Il y a vingt ans ou plus, ma kundalini s'est éveillée lors de deux puissants événements. Lors du premier, j'ai pensé que mon corps et mon esprit n'y survivraient pas. Je fus réveillé par une force immense dans la colonne vertébrale qui me cloua au lit, comme un millier d'orgasmes de haut en bas et de bas en haut, mais sans aucune possibilité d'un orgasme réel, car ce n'était pas localisé dans les organes sexuels même si l'un des pôles était le muladhara et l'autre ajna avec une énorme surcharge dans tous les points entre les deux. Je ne pouvais ni bouger ni respirer et j'ai cru mourir. C'était comme d'être violé par une immense force béatifique.

La deuxième fois, je fus réveillé par une vision très réelle, certainement pas un rêve, de Da Love Ananda dont je n'étais pas un fidèle inconditionnel, mais dont j'avais lu quelques livres. Il était assis sur mes épaules, plus tard il se mit à rire en me regardant dans les yeux et à ce moment des énormes lumières de laser passèrent de ses yeux dans les miens et je fus submergé par une immense béatitude et uni avec lui. Je me réveillai, le corps et l'esprit emplis d'une béatitude puissante qui dura quelque temps.

Je n'avais fait aucun yoga de la kundalini de façon systématique, mais j'avais médité de temps à autre pendant quelques années et j'avais passé ma vie plongé dans des histoires de saints et dans la pratique de la prière et de la messe, étant catholique romain. Pendant de nombreuses années, la messe était pour moi une expérience tellement puissante que j'avais de la peine à rester conscient et c'est encore parfois le cas.

Une fois la kundalini éveillée, ce ne fut pas que du bonheur. J'ai passé quelques années au bord des larmes avec un cœur lourd comme une pierre. C'était tellement difficile que chaque jour, chaque minute, je pensais que je ne serais pas capable de continuer mon travail. Une histoire racontée par Laurence Olivier, l'acteur, m'a réconforté. Il racontait qu'il avait passé un certain nombre d'années dans un état similaire, ayant l'impression qu'il pouvait seulement être sûr de faire le pas suivant ou de dire le mot suivant sur la scène et qu'ensuite il allait s'effondrer et devoir abandonner. C'est une tension énorme, mais peut-être que cela nous apprend à vivre le moment présent, un pas à la fois.

Plus récemment, je me débats pour savoir que faire d'une félicité irrésistible. Comment fonctionner en société ou dans un travail de responsabilité, particulièrement quand je ne suis pas seul, quand je suis constamment en train d'expérimenter quelque chose de semblable à mon premier éveil de la kundalini, quoique moins fort. Il en va de même que de l'expérience dont parle Laurence Olivier, j'arrive seulement à fonctionner un pas après l'autre, mais avec un pas de trop il me semble que je sombrerai totalement dans l'extase. Muladhara est actif et plein de félicité ; ajna est actif et plein de félicité ; j'ai l'impression que je vais avoir un orgasme si je me détends ; si je ne me détends pas, j'ai l'impression que je vais avoir un orgasme. Cela me rappelle mon premier éveil ou la béatitude était si grande qu'elle semblait court-circuiter l'orgasme physique.

Une fois, Ramakrishna donna à un dévot la félicité qu'il demandait et ce dernier incapable de la supporter dut supplier Ramakrishna de l'enlever, ce qu'il fit. (En ce qui me concerne, je n'ai pas demandé cette félicité, j'ai demandé à être uni au divin, à me perdre en Dieu).

J'ai fait face à ce problème en approfondissant mon enquête sur le Soi, ce qui pour moi consiste à concentrer les sensations et l'attention sur et au-delà du chakra ajna, mais cela n'a fait qu'empirer les choses.

Il me faut préciser, qu'étant un jnana yogi cherchant l'advaita (la non-dualité) à travers Shiva, j'ai essayé de me conformer toute ma vie au modèle ascétique. Je reconnais que c'est probablement une conséquence de mon éducation dans un environnement catholique romain répressif et j'ai donc évité la plupart du temps d'avoir une vie sexuelle pleinement active. En ce moment, je n'ai pas d'autre choix que de relâcher la pression sexuelle de temps en temps et cela me donne un jour ou deux de répit avant que l'escalator extatique ne reparte de plus belle.

Je serai reconnaissant de toute suggestion me permettant de trouver plus d'équilibre. Une félicité insurmontable est vraiment une gêne!

R: Merci beaucoup d'avoir partagé votre expérience. Votre cas démontre que nous aurons beau proclamer leur caractère irréel, nous sommes incapables de séparer les expériences de la dualité de notre non-dualité. Quelque part, un mariage doit se faire. Dans l'enseignement AYP, nous décrivons le résultat final de cette union comme "la tranquillité en action", une expression qui en indique bien le caractère paradoxal. Et pourtant, nous sommes cela et tous les efforts pour nier l'un au profit de l'autre sont vains. Ils sont Un!

Quant à vos expériences de la kundalini et aux symptômes excessifs, il s'agit de trier les causes et les effets et de prendre les mesures appropriées. Tous les aspects du yoga étant connectés, il est possible qu'une recherche du Soi intense stimule la kundalini. Si c'est le cas pour vous, appliquer le "self pacing" à l'enquête serait une bonne chose pour aider à stabiliser votre chemin, de même que pour n'importe quelle autre pratique. Toutes les explications données dans la leçon 69 sont applicables. Il s'agit toujours du même voyage avec un éclairage légèrement différent dû à votre contexte personnel. Les principes de base restent les mêmes.

Avec votre routine de pratique établie depuis si longtemps, il n'est pas nécessaire de tout recommencer. Toutefois, quelques ajustements pourraient vous aider. Pour équilibrer les choses, vous pourriez envisager de vous engager un peu plus dans la vie. Vous pourriez également ajouter un peu de respiration spinale et voir si cela vous aide à stabiliser les énergies, c'est souvent le cas. D'une manière générale, assurez-vous de faire de nombreuses activités qui pourraient vous aider à vous enraciner. De plus, davantage de silence intérieur immuable aide certainement le pratiquant à rester stable si le feu d'artifice éclate. C'est la raison pour laquelle dans l'enseignement AYP, nous commençons par la méditation profonde. Dans votre grande expérience, vous avez peut-être déjà travaillé le silence intérieur. Mais peut-être pas autant qu'il aurait fallu puisque, à certains moments, votre parcours a été plutôt mouvementé.

Gardez à l'esprit que le rôle de la kundalini est de faire émerger une connexion énergétique entre le silence intérieur et le monde extérieur. Les symptômes de la kundalini ne sont que la friction entre le courant énergétique qui monte et les obstructions qui subsistent dans notre neurobiologie. C'est aussi le cas des formes érotiques de l'extase. A mesure que les obstructions seront dissoutes, les frictions diminueront et les symptômes évolueront vers une expression plus élevée. Le résultat sera un débordement continuel d'amour divin se traduisant par un service au monde plein d'amour. Cela ne contredit pas la non-dualité. Bien au contraire, cela en est l'accomplissement, la tranquillité, l'Unité en action. Cela peut aller à l'encontre du style orthodoxe neti-neti de l'enquête sur le Soi, mais ce qui se passe en vous est une bien meilleure mesure de la vérité. C'est toujours le cas. L'accomplissement de ce processus n'éliminera pas l'évolution naturelle en cours, mais diminuera votre identification à ce processus et lui permettra de s'accomplir. C'est la montée en puissance du témoin et le desserrement de l'emprise du mental sur le processus de la transformation spirituelle humaine.

Ainsi, considérez de continuer sur votre magnifique chemin que vous suivez depuis si longtemps en ajoutant quelques perspectives additionnelles, le "self-pacing", l'enracinement, toutes les méthodes additionnelles qui pourraient vous aider à stabiliser la situation, peut-être un peu de respiration spinale, tout en essayant de trouver de larges possibilités d'aider ( le karma-yoga, intérieur et/ou extérieur), ce qui représente le fruit ultime de la non-dualité et de la kundalini. C'est la tranquillité en vous qui veut aller de l'avant sur les ailes de la radiation extatique. C'est une renaissance, pour le meilleur.

Ce sera également une aide de prendre le point de vue de l'advaita-vedanta. A cet égard, Nisargadatta Maaharaj est certainement un des meilleurs et vous êtes donc béni de l'avoir dans votre parcours. En même temps, il est bon de comprendre la relation entre la non-dualité et la kundalini. Votre expérience démontre que ces aspects de la transformation spirituelle humaine sont inséparables.

Le mot kundalini et les phénomènes décrits ont provoqué beaucoup de bruit et une grande notoriété dans de nombreux cercles alors qu'en même temps ils ont été fort décriés dans les traditions les plus orthodoxes de l'advaita-vedanta.

Si nous approchons avec sérieux la recherche du Soi, tout en reconnaissant les rôles essentiels d'une dévotion sincère, de la méditation profonde et du samyama, nous pouvons être tentés d'essayer d'ignorer la chose appelée kundalini, tellement elle est associée au corps. De tous les aspects du yoga, la kundalini est la partie qui semble la plus profondément enracinée dans la dualité de l'existence et en conséquence d'un moindre intérêt pour celui qui cherche à réaliser les plus hautes vérités.

Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. La kundalini concerne le développement énergétique de notre neurobiologie subtile, donnant naissance à la perception directe de l'Unité rayonnante dans notre environnement. Même si à la fin cette perception est transcendée, elle marque une étape nécessaire par laquelle devront passer tous ceux qui sont sur le chemin. Si le processus de la kundalini est ignoré, il fait pourtant partie du voyage vers la réalisation et l'aspirant devra en faire l'expérience sous une forme ou sous une autre. Votre expérience en est une bonne preuve. Si la nature de la kundalini, de ses symptômes variés et des causes et effets qui lui sont associés n'est pas comprise, cela peut retarder notre développement, car le risque que nos énergies internes nous fassent tomber dans des distractions inconnues sera beaucoup plus grand.

De même que pour la recherche du Soi, un épanouissement en douceur et naturel de la kundalini peut être facilité en développant une bonne fondation de silence intérieur (le témoin). Une fois cela fait par la méditation profonde, d'autres méthodes peuvent être appliquées pour assurer que la kundalini soit cultivée de façon sure et progressive, c'est le côté énergétique extatique de notre nature qui conduit d'abord au flot de l'énergie extatique et plus tard à la perception directe du rayonnement transcendant brillant qui est en nous et partout dans notre environnement. C'est le pratyahara, l'introversion de notre perception sensorielle.

C'est important, car une réalisation complète n'est pas possible tant que le silence intérieur et la conductivité extatique ne sont pas venus à maturité et ne se sont pas unis en nous. C'est un processus de purification et d'ouverture. C'est la neurobiologie essentielle de l'illumination que l'on trouve partout où la transformation spirituelle humaine est en marche, peu importe les moyens utilisés, y compris l'enquête sur le Soi.

La recherche du Soi ne portera pas ses fruits tant que la totalité des processus de la neurobiologie interne qui lui sont associés n'aura pas atteint sa maturité et son plein épanouissement. Dans une leçon précédente (leçon 328) nous avons parlé de "devenir mûr". Si nous ne nous préoccupons pas de ces processus d'une façon systématique, ils se produiront de toute façon, mais peut-être de façon chaotique. Si nous avons le choix et nous l'avons, une approche systématique sera préférée par la plupart d'entre nous à une approche menant au chaos. De plus, systématique étant beaucoup plus rapide que chaotique, le choix est facile. Si nous nous entêtons et ignorons les étapes inévitables de la transformation intérieure au profit d'une approche philosophique figée, nous en paierons le prix tant dans les progrès que dans le confort.

Ceux qui sont vraiment capables de lâcher prise remarqueront les processus énergétiques qui se passent en eux et feront ce qui est nécessaire pour les optimiser pour un voyage rapide vers la réalisation. Ironiquement, ceux qui s'en tiennent à une vue rigide s'accrocheront au lâcher-prise à l'exclusion de toute autre chose, en particulier du processus véritable de la transformation humaine en train de se passer!

La kundalini est un sujet immense qui peut remplir des volumes. Nous n'en ferons pas trop dans cette leçon, non plus que dans l'ensemble des écrits AYP. C'est un aspect de l'ensemble de notre réalisation qui doit être pris en considération et traité dans la mesure où cela peut aider au voyage. Nous la connaîtrons quand elle sera là et nous serons bien mieux préparés pour aller de l'avant sans nous enliser dans des distractions énergétiques. Une enquête relationnelle peut être utilisée pour favoriser notre progrès dans la tranquillité plutôt que d'être tenté de nous enticher des expériences énergétiques extatiques inévitables qui arrivent sur le chemin. Nous pouvons les laisser aller dans notre enquête de même que toutes les identifications avec l'expérience auxquelles nous aurions tendance à nous attacher.

Le yoga s'occupe de l'aspect énergétique de notre développement avec le pranayama (techniques respiratoires), les asanas (les postures), les mudras et les bandhas (manœuvres physiques internes) et les méthodes tantriques (notamment, la gestion de l'énergie sexuelle). Tout cela est incorporé facilement dans nos pratiques assises et dans la routine de notre vie quotidienne de la même façon que nous incorporons la recherche du Soi quand le témoin apparaît et que nous savons être prêts.

Tout cela fait partie du même voyage, aucun aspect n'étant privilégié aux dépens des autres. Chaque aspect évolue à son propre rythme et nous saurons que chaque pas est correct, s'il arrive de son propre chef avec des résultats observables. En ce sens, toutes les pratiques du yoga se vérifient par leur relation et leur résonnance les unes avec les autres, avec notre silence intérieur et nos activités de tous les jours. Nous saurons que tout va bien si notre vie s'améliore même si nous avançons régulièrement vers un état de non-dualité, même si, bien sûr, ce n'est pas un état en soi.

La recherche du Soi a un rôle direct à jouer dans l'épanouissement de la kundalini à mesure qu'elle nous purifie et nous ouvre via le canal central ou le nerf spinal courant entre notre périnée et le centre du front. C'est un aspect de la faculté clé développée dans la méditation profonde, permettre simplement au processus de la kundalini de se produire comme il veut tout en favorisant de façon naturelle le laisser-aller de l'attention dans la tranquillité. Cela aide à éviter de tomber dans des chimères quand les symptômes dramatiques de la kundalini se produisent.

Il en va de même avec toutes les expériences de la vie. Graduellement, nous en venons à les percevoir comme des vagues sur l'océan de notre silence intérieur infini, de notre Soi. La différence entre les expériences de la vie et celles de la kundalini est que ces dernières peuvent être dramatiques, impliquant tout un éventail de symptômes physiques, d'énormes poussées d'énergie intérieure et d'extase, des visions, des sons et d'autres perceptions sensorielles internes. Les émotions peuvent également être affectées, quelques fois de façon positive d'autrefois de façon négative en cas de courants d'énergie excessifs. Tout cela a un effet correspondant sur notre mental et c'est bien la raison pour laquelle l'enquête sur le Soi, relationnelle, dans la tranquillité, peut être très utile. Nous savons que ce ne sont que des paysages que nous traversons sur notre route vers la réalisation.

A mesure que la purification et l'ouverture avancent dans notre système nerveux, les symptômes spectaculaires de la kundalini laissent la place à des courants épurés de félicité extatique associés au mouvement chatoyant de la tranquillité et au flot d'amour divin qui émane de nous pour englober notre entourage. C'est alors que notre perception du témoin (de notre Soi) s'étend également à tout ce qui nous entoure. C'est l'avancée du processus de la kundalini qui mène à la perception de la non-dualité et de l'unité dans notre vie quotidienne. C'est le rôle de la kundalini dans la réalisation de la non-dualité de la vie, même quand nous continuons à nous engager pleinement dans la vie.

Le long de la route, même si en soi le paysage est sans importance, nous pouvons l'apprécier et il peut servir à mesurer notre rapidité et notre confort. Si nous allons trop vite, avec trop de pratiques, les symptômes de purification peuvent s'intensifier et nous causer beaucoup d'inconfort et/ou des distractions potentielles. Quelquefois, le retrait des sens (pratyahara) peut aller trop vite. Il est important de nous interroger sur l'intensité de nos expériences afin de pouvoir ajuster notre pratique pour garder un progrès régulier en toute sécurité. Si nous ne le faisons pas, nous pouvons finir par en faire trop au point de n'être plus du tout capables de pratiquer pendant un certain temps. Nous devrons appliquer les remèdes appropriés à la kundalini (voir la leçon 69) et attendre que l'équilibre se rétablisse pour reprendre les pratiques (y compris, la recherche du Soi), ce qui peut prendre un temps précieux.

Nous avons appelé "self-pacing" la méthode qui consiste à apprécier l'intensité des expériences et à réduire nos pratiques en conséquence. C'est une partie importante de l'approche AYP et c'est également un des aspects de la recherche du Soi. Nous favorisons toujours la pratique par rapport à l'expérience et, quand c'est nécessaire, nous réduisons notre pratique en fonction de l'intensité des expériences.

Il vaut mieux ne pas ignorer l'aspect énergie/kundalini de la transformation spirituelle humaine. Et, d'un autre côté, on ne doit jamais trop s'y complaire.

Le gourou est en vous

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